Les services de santé, une histoire de famille
Issue d’une famille de cinq enfants, Mme Artéfise Prospère est la fille d’une infirmière-auxiliaire. La carrière professionnelle de sa mère est une source de motivation pour se joindre au milieu des services de la santé. « J’étais sensibilisée et impressionnée : je voulais suivre sa voie en allant encore plus haut. Je ne regrette pas du tout ce choix, car être infirmière, c’est aider les gens » raconte t-elle. L’apparition du choléra en 2010 en Haïti a paradoxalement été une seconde révélation : « Nous avions 100 cas déclarés et pourtant nous n’avons eu aucun décès malgré nos petits moyens : petit centre, pas d’électricité. C’était un exploit et cela m’a motivée à continuer dans cette voie ». Nommée infirmière en chef, elle a rapidement eu un rôle de supervision, de gestion des activités et des équipes : « J’aime fortifier le sens de la collaboration ». Enfin, un événement particulier, la naissance de son premier enfant l’a confortée dans son choix :
Lorsque j’étais enceinte, cela n’a pas été facile parce que j’ai eu un problème de placenta praevia. Quand j’ai vu la façon dont mes consœurs infirmières m’avaient aidée, cela n’a fait que renforcer ma motivation pour aider à mon tour d’autres femmes enceintes - Mme Prospère
Car être malade ou enceinte dans un lieu éloigné des services de santé, n’est pas chose évidente. Située à une quarantaine de kilomètres de la ville de Cap-Haïtien, la commune de Bahon qui compte 21 253 habitants, dans le département du Nord d'Haïti, est dans l'arrondissement de Grande-Rivière-du-Nord. De Cap Haïtien, cela représente presque deux heures de trajet en automobile sur une route tortueuse. C’est dans le but de désenclaver la zone pour offrir des services de santé de proximité que le centre de santé de Bahon, spécialisé dans les soins obstétricaux et néonatals d’urgence a bénéficié des investissements du projet ACOSME.
Le projet ACOSME a apporté beaucoup d’améliorations pour la population de Bahon. Le centre de santé a grossi tant en termes d’espace, de personnel, que de qualité de services offerts. Avant, nous ne fonctionnions ni 24h/24h ni 7 jours sur 7, désormais c’est le cas. Nous avons un laboratoire, une salle de petite chirurgie, une pharmacie agrandie et des salles d’accouchement avec tout le matériel adapté. Nous sommes vraiment content-es de pouvoir offrir un meilleur service à la population - Mme Prospère
De la vaccination à la planification familiale
Artéfise Prospère est fière des activités de vaccination. Le Centre vient de finaliser une campagne contre la COVID-19. La vaccination des enfants compte parmi les activités principales. Annuellement, l’objectif est de vacciner 703 enfants de moins d’un an et un effectif de 718 femmes enceintes. En plus de la vaccination, le Centre offre des services de planification familiale (distribution gratuite de préservatifs, accès à une méthode d’implants de longue durée, injections trimestrielles, distribution gratuite de pilules de contraception) et l’objectif est de cibler près de 4 000 personnes.
Nous profitons de la vaccination pour faire un dépistage systématique en termes de malnutrition. Dès qu’un enfant semble dans le besoin, nous lui donnons un rendez-vous et nous assurons un suivi hebdomadaire. On contrôle le poids et la taille pour voir s’il y a une amélioration. On fait aussi de l’éducation nutritionnelle pour les parents afin que les enfants conservent le poids acquis. La malnutrition a des impacts non seulement physiques, mais aussi sur les facultés d’apprentissage des enfants à l’école.
Les réussites du projet ACOSME
L’augmentation du taux de guérison de la malnutrition aiguë chez les enfants, fait partie des résultats démontrant la réussite du projet ACOSME. Une autre part importante de ce succès repose sur le fort engagement de groupes communautaires de femmes tant pour sensibiliser les populations environnantes que pour permettre une meilleure fréquentation des cliniques prénatales et l’utilisation des services en général.
Le projet arrive à sa fin plusieurs indicateurs témoignent d’une baisse de la mortalité maternelle et infantile dans la région.
Et Mme Prospère d’émettre un vœu : « Nous souhaitons que la santé des femmes en Haïti s’améliore de la même manière que le projet ACOSME a apporté des améliorations. Ce fut pour nous un modèle de réussite. »
*Le projet Appui au continuum de santé mère-enfant (ACOSME) est réalisé en consortium entre l’Unité de santé internationale (USI) de l’Université de Montréal et du CECI. Le projet a pour but de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infantile en Haïti, du Département du Nord en répondant aux besoins et aux droits des mères, des femmes enceintes, des nouveau-nés et des enfants de moins de 5 ans.
Cet article a été écrit par le CECI.
Crédit photo : CECI