Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Assistance technique à l’Appui budgétaire sectoriel en santé sexuelle et reproductive (AT-ABS-SSR), une étude de base a été réalisée en 2019 en régions et au niveau des structures centrales de la santé. Cet état des lieux a permis de questionner le dispositif mis en place pour améliorer les indicateurs en matière de droits sexuels et reproductifs (DSR) et d’égalité entre les genres (EG). Parmi les domaines explorés figurait la communication en santé de la reproduction (SR) (plans, outils, messages clés, mécanismes de suivi…).
L’examen du dispositif de communication en SR existant a concerné, entre autres, les messages clés élaborés. Des principaux constats identifiés, il a été retenu que :
- certains messages sont destinés exclusivement aux filles alors qu’ils devraient concerner les filles et les garçons; il en est de même pour les femmes et les hommes;
- peu de messages sont adressés aux adolescent.e.s;
- les messages identifiés tiennent peu compte des thématiques liées aux violences basées sur le genre (mutilations génitales féminines/excision, mariages d’enfants, violences sexuelles). Aussi, certains groupes (adolescent.e.s et jeunes, personnel socio-sanitaire, autorités, communauté et grande famille) sont peu pris en compte;
- la connaissance des droits sexuels et reproductifs par la population ainsi que par les professionnels de la santé est occultée dans les messages.
De plus, la dernière Enquête démographique et de santé au Mali (2018) précisait, entre autres, que :
- les besoins non satisfaits en planification familiale sont de 24%;
- les violences sous forme physique ou sexuelle touchent près d’une femme sur deux (49%) dans le groupe d’âge de 30-39 ans;
- la prévalence de l’excision est de 89% pour des femmes de 15 à 49 ans et 73% pour la tranche de 0 à 14 ans alors que 70% des femmes et 68% des hommes pensent que l’excision est une nécessité religieuse;
- Seulement 10% des femmes participent aux prises de décisions importantes des ménages et 63% n’ont pas été associées à la prise d’aucune décision, y compris dans le cadre de la santé.
Ces quelques constats et données s’inscrivent dans un contexte plus large dans lequel des efforts sont nécessaires pour rendre disponibles des messages clés, intégrant les droits sexuels et reproductifs et l’égalité entre les genres, adaptés aux groupes cibles spécifiques. À cet effet, un atelier se tiendra du 2 au 5 février à Bamako réunissant les cadres concernés des services centraux du ministère de la Santé et du Développement social, du ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, la Coalition des organisations de la société civile, la Fédération nationale des associations de santé communautaire, le Réseau des communicateurs traditionnels, la Coordination des associations et organisations de femmes, des organisations de jeunes…
Les travaux préparatoires à cet atelier, fruit d’une collaboration étroite entre l’assistance technique et le CNIECS (Centre national d’information, d’éducation et de communication pour la santé) ont permis de préciser les grands thèmes des messages à élaborer et concerneront les groupes cibles/destinataires suivants : les adolescent.e.s et jeunes, les femmes/mères, les hommes (mari, père, chef de famille, chef de ménage), le personnel socio-sanitaire, les autorités (élus politiques et leaders religieux), la grande famille, y compris la communauté.
Ces outils seront un complément au matériel élaboré pour la formation sur les DSR et l’EG et le matériel de formation sur la communication en matière de DSR et EG.
Quelques mots sur le projet AT-ABS-SSR :
Dans le cadre de sa politique d’aide internationale féministe, le Canada met en œuvre au Mali un appui budgétaire sectoriel (ABS) pour supporter la promotion de la santé et l’avancement des droits sexuels et reproductifs. L'assistance technique (AT) à la mise en œuvre de cet ABS est réalisée par l’Unité de santé internationale. Ce projet consiste en un appui au gouvernement malien pour le rendre plus apte à livrer des services et des soins en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) pour les femmes et les filles. De façon plus spécifique, le projet collabore avec le ministère de la Santé et du Développement social et le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille afin d’accroître leurs capacités pour gérer, mettre en œuvre et suivre l’ABS et le programme de développement sanitaire et social (PRODESS), plus particulièrement en ce qui concerne l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive. Ces deux ministères sont renforcés et mieux outillés pour appuyer les régions dans la mise en œuvre des stratégies et activités en santé sexuelle et reproductive et les droits connexes. Ainsi les services de santé seront mieux intégrés et adaptés aux besoins et aux droits des femmes et des filles.
Le projet est réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires Mondiales Canada.