Les équipes du concours interscolaire. Crédit : Seydou Sanogo.
Le 17 mai dernier, le projet Yellen a organisé un concours interscolaire entre les élèves des lycées ciblés par le projet. Cette activité avait pour objectif d’évaluer l’impact de la plateforme numérique KiLaDi sur les connaissances et la perception des adolescent(e)s en matière de SDSR. Le projet pilote KiLaDi (« te conseiller » en bambara) vise à sensibiliser les adolescent(e)s de la région de Kayes, au Mali, sur la SDSR, l’égalité des genres et les Violences basées sur le genre (VBG).
Le projet utilise des outils numériques comme WhatsApp, Facebook et une application mobile pour offrir des informations et des échanges interactifs, tout en organisant des activités de sensibilisation dans les quatre lycées ciblés. L’objectif est de prévenir les situations à risque sur la santé des adolescent(e)s et d’améliorer leurs connaissances de leurs droits pour favoriser l’accès aux services de santé et le recours au plaidoyer.
Une compétition artistique et engagée
Le concours interscolaire a été conçu comme un espace d’expression artistique et créative pour les jeunes. Il leur a permis de consolider leur compréhension de messages clés sur la SDSR, tout en soulignant le rôle important que la plateforme numérique KiLaDi joue dans la diffusion de ces messages.
Après des phases éliminatoires, les équipes finalistes se sont retrouvées à Kayes et ont chacune présenté quatre formes d'art : poème/slam, sketch, capsule vidéo et œuvre d’art. Le jury, composé de représentant(e)s institutionnels et pédagogiques, a évalué les prestations des étudiant(e)s des cinq établissements participants : les lycées publics de Bafoulabé, Diéma et Yélimané, le complexe scolaire Sanéba Sakaliba de Mahina et l’Institut de formation des maîtres (IFM) de Nioro. Chaque équipe a présenté ses œuvres, mettant en lumière à la fois la sensibilité artistique des élèves et leur compréhension des thématiques abordées.
Le jury et le public ont vibré au rythme des voix et des créations des jeunes artistes engagé(e)s. Les gagnant(e)s ont reçu des ordinateurs portables (1er prix), des tablettes électroniques (2e prix) et des téléphones ou fournitures scolaires (3e prix).
Quelques exemples des œuvres présentées : sketch, poème et œuvre d’art. Crédit : Seydou Sanogo.
Découvrez les poèmes des deux gagnantes en vidéo
-Dire ce qui est tu ! Éclairer ce qu'on avait éteint. Par Absétou Diop de l’Institut de formation des maîtres de Nioro
-Mon corps, mon droit ! Par Mariam Batouly Balde du lycée de Diema
Des témoignages inspirants
Au début, je ne voulais pas participer car ce sujet (la SDSR) est très tabou dans nos familles. Grâce au projet Yellen, j’ai appris que cela ne devrait pas l’être et qu’il fallait s’asseoir et en parler. J’aimerais les remercier d’avoir organisé ces journées (de sensibilisation) dans nos écoles. Nous nous sommes assis, filles et garçons, nous avons causé, nous avons ris nous avons appris. Mariam Batouly Balde, élève du lycée public de Diema
En 26 ans de carrière, je n’ai jamais vu un projet qui s’est aussi bien illustré, dans le domaine de l’éducation (à la SDSR). La performance d’une structure dépend des ressources humaines qui la compose. Le projet Yellen a su puiser dans ce vivier malien, des femmes, des hommes, compétent(e)s, à la hauteur de l’action. Boubacar Diallo, censeur du lycée de Bafoulabé
Ces récits confirment la dimension transformatrice du projet Yellen, tant sur le plan individuel que collectif. À titre personnel, plusieurs jeunes ont exprimé un gain de confiance en eux, une meilleure compréhension de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’une volonté accrue de faire entendre leur voix. Sur le plan collectif, le projet a contribué à briser les tabous, à favoriser le dialogue intergénérationnel et à renforcer la mobilisation communautaire autour des enjeux d’EG, VBG et SDSR.
Le concours interscolaire s’inscrit dans la dernière année de mise en œuvre du Projet Yellen. Dans une perspective de pérennisation, la plateforme numérique KiLaDi sera transférée à l'Office National de la Santé de la Reproduction (ONASR). L'équipe de l'ONASR continuera de travailler à inciter les adolescent(e)s à devenir des actrices et acteurs du changement social.
En savoir plus sur le projet Yellen :
Le projet Yellen « Droit et innovation en santé sexuelle et reproductive dans la région de Kayes au Mali » est un projet de coopération bilatérale entre les gouvernements du Mali et du Canada. Il est exécuté par un consortium canadien constitué de l’Unité de santé internationale du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (USI – CHUM) et du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI). Il bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Ce projet vise à contribuer à la transformation des rapports inégaux entre les genres en matière de santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) des femmes et des adolescentes dans sept districts sanitaires de la région de Kayes (Bafoulabé, Diéma, Nioro, Oussoubidiagna, Sagabari, Séféto et Yélimané). Il repose sur l’hypothèse que l’augmentation du pouvoir décisionnel des femmes et adolescentes pour un meilleur contrôle de leur santé favorisera une demande accrue pour des services de qualité en santé sexuelle et reproductive (SSR) y compris pour les violences basées sur le genre (VBG) et la planification familiale (PF). Le projet propose un modèle innovant de collaboration visant à harmoniser le travail des acteurs et actrices des services de santé, de la société civile, en particulier des groupes de femmes, et des collectivités décentralisées.