Le projet ACOSME est mis en œuvre dans le Département du Nord d’Haïti par l’Unité de santé internationale (USI) et le Centre d’étude et de coopération international (CECI), en partenariat avec la Direction sanitaire du Nord (DSN) du Ministère de la santé publique et de la population (MSPP). L’un des principaux objectifs du projet est de limiter la mortalité et la morbidité maternelle et infantile dans le Département du Nord d’Haïti durablement. Pour y répondre, l’USI et le CECI misent, entre autres, sur des activités de formation destinées aux prestataires et gestionnaires des services de santé.

Les activités de formation visant le renforcement des capacités au niveau local comptent parmi les solutions de développement ayant le plus d’impact sur le long terme. Leur succès repose sur l’application d’une méthode rigoureuse dès leur planification et lors de leur mise en œuvre. Pour cela, l’USI adopte une approche innovante qui démarque ACOSME d’autres projets réalisés avec les mêmes objectifs. Cette approche garantie l'efficacité et la mesurabilité de l’appui apporté aux institutions sanitaires. Il s’agit de penser l’avant, le pendant et l’après-formation avec le double objectif de maximiser l’impact et la durabilité des apports de chaque activité. Autrement dit, une connaissance approfondie des enjeux du terrain, une approche stratégique de la pédagogie et une méthode de validation et de pérennisation des acquis sont les trois piliers de l'approche de l’USI pour garantir une amélioration durable.

Utiliser les données probantes et s’adapter au terrain

Dans le cas du projet ACOSME, une analyse comparative de la réalité du terrain rapportée aux normes de l’OMS et aux actions déjà entreprises par le MSPP a permis d’établir une liste des besoins de formation par catégorie de personnel et par domaine. S’en est suivi un exercice de priorisation des besoins pour déterminer quelles actions auraient le plus d’impact sur la pratique et la qualité des services offerts à la population. Cette première étude a permis de définir quatre domaines de compétences à développer (le domaine des ressources humaines, le domaine médical, le domaine non médical lié au soin et le domaine de l’égalité entre les femmes et les hommes (EFH)) et de préciser, pour chaque domaine, les objectifs pédagogiques à atteindre, les stratégies de formation à mettre en œuvre, le personnel ciblé, le calendrier opérationnel des activités de formation et les modalités de suivi. L’ensemble de ce travail a été réalisé en étroite collaboration avec la DSN et avec l’ambition d’être en parfaite adéquation avec la réalité du terrain.

Innover dans la pédagogie

Après la sélection méthodique du contenu des activités de formation, le choix d’une stratégie pédagogique adaptée est un second enjeu du renforcement des capacités. Pour le projet ACOSME, l’USI a utilisé la méthode de la ‘’formation par l’action’’. Selon cette approche, les interventions se tiennent directement sur le lieu de pratique des prestataires ciblé.es. Cette stratégie pédagogique produit des formations précisément adaptées à la réalité de chaque centre de santé, puisqu’elles sont dispensées sur place. Elle permet aux prestataires ciblé.es de mettre directement en pratique les enseignements dispensés, avec les outils et les moyens disponibles au quotidien sur leur lieu de pratique. De plus, dans un contexte où l’offre de soin est souvent limitée, dispenser les formations sur le lieu de pratique permet aux prestataires de poursuivre la prise en charge des patient.es au cours de la journée. Cette approche facilite également la création d’un lien de confiance avec les prestataires de soins, ce qui permet d’aborder plus efficacement des questions délicates, telles que la gestion de conflits, ou de proposer des ajustements de certaines pratiques en lien avec l’environnement de travail singulier de chaque centre.

Assurer une amélioration durable

Pour compléter cette approche et garantir la pérennité des acquis, l’USI travaille également sur les enjeux post-formation. Pour chaque formation dispensée, un bilan établi les succès, les échecs et les améliorations possibles de l’activité. Au moins deux visites de suivi sont réalisées, trois et six mois après chaque formation, pour évaluer la mise en œuvre des compétences acquises. Également, quand le thème de la formation s’y prête, des aide-mémoires sont fournis aux centres de soins pour appuyer la mise en application des acquis par les prestataires ciblés et faciliter le transfert de connaissance, en cas de changement de personnel, par exemple.

Avec cette approche en trois temps, l’USI est en mesure de produire les formations les plus adaptées aux besoins du terrain, tant en terme de contenu qu’en terme de format, et de s’assurer au mieux que les connaissances transmises soient acquises durablement par les personnes ciblées.

‘’ACOSME est le premier programme depuis le début de ma carrière professionnelle qui fait les choses différemment des autres projets exécutés sur le terrain. L’appui apporté aux institutions sanitaires est palpable en dépit des difficultés conjoncturelles auxquelles elles font face […]’’ confiait Clercyne Ferdinand, infirmière à l’Hôpital de la Grande -Rivière du Nord, dans un témoignage collecté par l’équipe du projet.

À ce jour, 20 thèmes de formations ont été dispensés à un total de 424 participants (282 femmes et 142 hommes), dont des prestataires de services de santé, des gestionnaires et des membres du personnel de soutien des 19 institutions ciblées par le projet ACOSME.

Quelques mots sur le projet ACOSME :

Initié en 2016 par le consortium Unité de santé internationale (USI) - Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et réalisé en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population de la République d’Haïti, le projet ACOSME a pour but de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infantile en Haïti, particulièrement dans les zones cibles du Département du Nord.

Le projet s’articule autour de trois composantes. La première concerne l’amélioration de la prestation (offre et qualité) d’un continuum de services essentiels répondant aux besoins et droits des mères, des femmes enceintes, des nouveau-né.es et des enfants, incluant la planification familiale. La deuxième vise l’amélioration de l’utilisation des services de santé par les femmes, leur famille et les jeunes. La dernière composante vise la sensibilisation des publics canadiens aux problématiques touchant à la santé et aux droits des mères, des femmes enceintes, des nouveau-né.es et des enfants de moins de 5 ans en Haïti.

Le projet ACOSME est réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires Mondiales Canada.

Crédit Photos : Georges Harry Rouzier