Les membres de La traversée, de la Fondation Panzi et de l'USI. Crédit : Unité de santé internationale.
Des spécialistes internationaux ont uni leurs forces pour faire progresser la lutte contre les violences sexuelles et améliorer le soutien aux personnes victimes de violences sexuelles. La Fondation Panzi, mise sur pied par le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, La Traversée, centre de soutien psychosocial et de psychothérapie pour les personnes souffrant de troubles de santé mentale consécutifs à une agression sexuelle au Québec se sont rencontrées en marge du 5e congrès de la Chaire internationale Mukwege.
L’USI est l’instigatrice de cette rencontre qui s’inscrit dans la lignée de sa mission d’améliorer la santé de la population à travers le monde et d’améliorer les pratiques cliniques pour une meilleure gouvernance en santé mondiale. L'USI est heureuse de contribuer au partage de connaissances et de leçons apprises entres différentes organisations d'ici et d'ailleurs œuvrant au soutien des personnes victimes de violences ou survivantes.
Nous sommes fières de collaborer depuis quelques années avec la Fondation Panzi dans le cadre du projet Tumaini, Santé et droits des femmes, des adolescentes et des enfants, en République démocratique du Congo et au Burundi, et d’agrandir le réseau de l’Université de Montréal avec des organismes communautaires du Québec. Karina Dubois-Nguyen, Unité de santé internationale.
Ensemble, ils ont partagé leurs meilleures pratiques et identifié des solutions novatrices dont le modèle holistique créé et mis en place en République démocratique du Congo, par la Fondation Panzi. Ce modèle de guérison unique repose sur quatre piliers essentiels :
-Pilier médical : Fournir des traitements chirurgicaux et médicaux pour réparer les traumatismes physiques subis;
-Pilier psycho-social : Offrir un accompagnement thérapeutique pour aider les survivantes à surmonter les traumatismes émotionnels;
-Pilier de réinsertion socio-économique : Proposer des formations professionnelles et des activités génératrices de revenus pour favoriser l’autonomie des survivantes;
-Pilier juridique : Assister les survivantes dans leur quête de justice en engageant des poursuites contre les auteurs de violences.
Ce modèle vise à répondre aux besoins multidimensionnels des victimes, en les aidant à reconstruire leur vie avec dignité et résilience.
À titre d’exemple, le soutien psychosocial est crucial pour les victimes de violences sexuelles. Les médecins congolais s'accordent à dire que, même si les blessures physiques peuvent être soignées, les cicatrices psychologiques perdurent. Ces femmes sont souvent rejetées par leur famille et leur communauté.
Les membres de La traversée, de la Fondation Panzi et de l'USI. Crédit : Unité de santé internationale.
Une situation semblable qui se retrouve également ici, au Québec : de nombreuses victimes sont jugées et exclues de leur cercle familial, souvent fracturé par la révélation des violences. Au Québec, le Centre intégré de services en violence sexuelle (CIViS), dirigé par La Traversée et financé par le ministère de la Justice du Québec, propose un accompagnement global aux victimes. En rassemblant les services psychosociaux et judiciaires en un même lieu, en collaboration avec le CAVAC de la Montérégie et le Service de police de l'agglomération de Longueuil, le CIViS facilite le parcours des victimes, limite les risques de retraumatisation et encourage la judiciarisation.
La violence sexuelle, qu'elle se produise dans le cadre de conflits armés en Afrique ou dans un contexte intrafamilial au Canada, présente des similarités frappantes, malgré les différences géographiques et culturelles. (…) En unissant nos connaissances et nos expertises locales, nationales et internationales, nous offrons un accompagnement plus efficace et solide aux personnes victimes de violence sexuelle en leur apportant des réponses globales, adaptées, concertées et pluridisciplinaires. » Christine Vilcocq, Directrice générale, La Traversée.
Cette rencontre a suscité de nombreuses questions et un vif intérêt des deux côtés. Des points communs significatifs ont été relevés, accompagnés d’une volonté partagée de s'outiller davantage et de mettre en commun les expertises.
Le 5e congrès de la Chaire internationale Mukwege était accueilli par l’Université de Montréal et coorganisé par l’USI, UdeM international et l’Observatoire Hygeia. Il réunissait des spécialistes engagé(e)s autour du thème : Mettre fin aux violences basées sur le genre : autonomisation des femmes et développement durable.