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Une première cohorte pour l’École d’optométrie d’Haïti

Les premiers finissants sortent de l’École d’optométrie de l’Université d’État d’Haïti, projet chapeauté par l’UdeM. Récit d’un parcours marqué par l’adversité et la ténacité.

Anne-Christy Orcel et Jonathan Simon sont actuellement en stage à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal.

Article écrit par UdeM Nouvelles

L’Université de Montréal est le chef de file du consortium international* ayant soutenu la mise en place de l’École d’optométrie de l’Université d’État d’Haïti. Contre vents et marées, cette école voit émerger sa première cohorte d’étudiantes et d’étudiants. Parmi eux, Jonathan Simon et Anne-Christy Orcel seront prochainement appelés à y enseigner.

En préparation à leur entrée en poste, ces deux finissants effectuent actuellement un stage de trois mois à l’École d’optométrie de l’UdeM. Ils y approfondissent leurs connaissances pratiques et théoriques tout en s’initiant à la pédagogie et à l’optométrie québécoise.

«On souhaite qu’ils puissent témoigner du potentiel de la profession et contribuer à le réaliser dans leur pays, en plus d’acquérir de l’expérience en gestion universitaire et clinique et de se familiariser avec le travail communautaire», indique Luigi Bilotto, conseiller à l’échelle internationale en santé oculaire, chargé de clinique à l’École d’optométrie de l’UdeM et instigateur du projet.

Pour mener à terme ce stage de formation, Jonathan Simon et Anne-Christy Orcel bénéficient d’une bourse canadienne du jubilé de diamant de la reine Élizabeth II, administrée par l’Unité de santé internationale (USI) de l’Université. Ce programme vise la mobilité étudiante entre le Canada et des pays des Caraïbes pour former des leaders dans les professions et la recherche en santé publique.

«Après des difficultés ayant retardé à deux reprises leur arrivée à Montréal, je suis vraiment fière de les avoir parmi nous aujourd’hui et de prendre part au processus de formation du corps enseignant local. Cela favorisera la pérennisation de ce programme», dit Caroline Auguste, coordonnatrice du projet à l’USI.

Anne-Christy Orcel et Jonathan Simon en visite dans les bureaux de l'USI. Crédit: USI.

Une longue petite histoire

Amorcé en 2013, le projet de création de l’École d’optométrie de l’Université d’État d’Haïti – la seconde école d’optométrie francophone dans le monde, après celle de l’UdeM – vise à lutter contre la cécité et la déficience visuelle dans les cas où elles sont évitables.

Dans ce pays de 11 millions d’habitants, seuls 3 optométristes et moins de 50 ophtalmologistes sont en exercice. En outre, ces professionnels sont principalement basés dans la capitale, ce qui rend les services peu accessibles à la population des régions plus éloignées, en général économiquement défavorisée. Dans ce contexte, les partenaires du consortium mené par l’UdeM tablent sur la formation d’une main-d’œuvre locale pour améliorer les soins oculaires, puisqu’elle est pratiquement inexistante dans ce pays. Or, Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, s’enlise depuis des années dans de graves crises politiques, économiques, sanitaires et sécuritaires qui ont alimenté une violence et une paralysie croissantes.L’initiative a donc été retardée par diverses situations majeures comme le tremblement de terre de 2010, qui a endommagé les bâtiments convoités, la pandémie de COVID-19, l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse et la vacance du pouvoir qui a permis aux gangs de prendre de l’ampleur.

«Nous n’avons pas pu envoyer d’optométristes ni de techniciens pour mettre en place la clinique et les équipements nécessaires à la formation des étudiants, souligne Luigi Bilotto. Nous avons dû, de plus, donner la formation à distance avec des professeures externes engagées par la Brien Holden Foundation et alors que la connexion à Internet était difficile et inégale. Malgré tout ça, nous avons une première cohorte et nous sommes parvenus à faire venir ici deux stagiaires. C’est une énorme réalisation!»

Des étudiants qui ont leur pays à cœur

Jonathan Simon et Anne-Christy Orcel se perfectionnent présentement aux côtés des membres de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Accueillis à bras ouverts, les deux diplômés sont ravis de pouvoir peaufiner leur formation en sol montréalais.

Ils découvrent notamment le volet pratique du métier d’optométriste – la clinique en Haïti n’ayant jamais pu être opérationnelle en raison de l’instabilité sociopolitique –, mais aussi une vision plus globale de la santé visuelle. Ils se disent surtout très enthousiastes à la perspective de rentrer chez eux pour mettre en pratique leurs nouveaux savoirs et ainsi redonner à leur communauté.

«Les soins oculovisuels ne sont pas une priorité pour l’État en Haïti, alors que la demande de soins de base est criante. J’ai hâte de pouvoir apporter mon aide aux personnes démunies. Je profite donc de mon séjour pour acquérir le plus de connaissances théoriques et pratiques possible afin de mieux servir mon pays», soutient Jonathan Simon.

Anne-Christy Orcel ajoute que ses nouveaux acquis sur les troubles de la réfraction, comme la myopie, seront très utiles en Haïti, où les problèmes de vision sont répandus, mais non pris en charge. «Être en mesure de ne rien négliger afin de fournir une prescription de façon optimale pour une erreur de réfraction normale, juste ramener ça en Haïti, c’est assez conséquent», estime la diplômée.

* L’Université de Montréal, par l’entremise de l’École d’optométrie et de l’Unité de santé internationale, est le chef de file du consortium constitué de l’Université d’État d’Haïti, de la Brien Holden Foundation et d’Optometry Giving Sight, cette dernière organisation étant le principal bailleur de fonds du projet.